Visite de la menuiserie de l’ESAT “les Ateliers du Landas” – Esatco Rezé
A la rencontre des petites mains qui fabriquent le matériel utilisé par les ruchers de l’UNAPLA !
Depuis le mois de Mars dernier, lorsque la douce torpeur de l’hiver s’efface pour laisser place au réveil printanier de la nature, il est grand temps pour l’apiculteur de faire le point sur son matériel !
En effet, pour assurer un environnement sain pour nos petites ouvrières qui se sont déjà mises au travail, veiller à remplacer au minimum 2 cadres par ruche tous les ans, est un bon réflexe à prendre pour débuter la saison sur de bonnes bases ! C’est aussi l’occasion de prévoir les besoins pour l’évolution de son cheptel.
L’UNAPLA n’échappe pas à cette règle pour équiper ses 3 ruchers-écoles, celui de la Maison de l’Apiculture, celui d’abeilles noires et enfin ses ruchers partenaires… C’est ainsi plus de 350 cadres de hausse et pas moins de 390 cadres de corps qu’il a été nécessaire de se procurer !
Comme chaque année, dans un esprit de solidarité, notre syndicat d’apiculture a choisi de confier cette mission aux menuisiers des Ateliers du Landas de l’ESATCO de Rezé qui ont eu la gentillesse de nous recevoir dans leurs locaux.
Présentation :
Cet établissement médico-social est géré par l’Adapei 44 (Association départementale des amis et parents de personnes handicapées mentales) qui accompagne sur la région Loire-Atlantique près de 2700 personnes en situation d’handicap, enfants comme adultes.
L’ESAT (Etablissement de Service d’Aide par le Travail) est un lieu de travail qui a pour vocation d’accueillir du personnel handicapé qui n’a pas la capacité d’évoluer dans une entreprise classique, en favorisant l’autonomie et l’intégration sociale. Cela peut-être de manière temporaire, jusqu’à ce qu’une réinsertion professionnelle soit possible ou bien de façon plus durable.
A la menuiserie des Ateliers du Landas, jusqu’à 22 travailleurs sont accompagnés, de 18 à 60 ans, avec une moyenne de 17 personnes par jour.
En poussant la porte, on découvre un grand espace vivant, dans lequel se mêle l’odeur du bois et le ronronnement des machines de découpe.
Sous l’apparente avalanche da matériaux stockés à droite à gauche, on découvre une organisation bien rodée où chaque personne est à son poste de travail et chaque élément entreposé au plus près de là où il sera utilisé.
L’atelier est organisé en deux parties : la zone d’usinage (à l’arrière-plan sur la photo) et la zone d’assemblage (au premier plan).
La fabrication de matériel apicole représente plus de 50% de la production de l’atelier et encore plus pendant la période du printemps où les commandes s’accumulent !
On y trouve des corps de ruches, des hausses, des cadres filés, des partitions, des couvres-cadres.
Difficile d’estimer le nombre d’éléments confectionnés par jour, car comme le dit Didier, le moniteur d’atelier qui nous a accompagné lors de notre visite, « On ne cherche pas le rendement ici ! ».
En effet, chaque travailleur a un rythme différent et aucune journée ne se ressemble. L’accent est mis sur l’accompagnement individuel en adaptant les activités aux capacités de chacun, qui peuvent varier en fonction du handicap et d’un jour sur l’autre. L’important est de leur faire réaliser des tâches au quotidien qui ont du sens et qui leur permettent de rompre l’isolement auquel ils pourraient être confronter tout en développant lorsque c’est possible leur autonomie.
Ce qui est impressionnant, c’est que tous ces produits ne sont pas uniquement assemblés sur place : ils sont également entièrement usinés par le personnel handicapé, ce qui permet une diversité dans les savoir-faire qui leur sont proposés !
Étapes de fabrication d’un corps de ruche :
Prenons l’exemple d’un corps de ruches en suivant les étapes de sa réalisation :
Tout d’abord, le bois en pin local est commandé directement à la scierie : cette dernière s’occupe de déligner (scier dans le sens de la longueur) les troncs à l’épaisseur souhaitée puis expédie les pièces obtenues à l’ESACTCO après les avoir fait sécher.
L’atelier reçoit donc cette matière première sous forme de planches brutes, de largeurs variées comme on peut le voir sur la photo ci-contre.
Ensuite, pour reprendre les termes de Didier, « Tout est transformé ici avec les machines qu’on a ».
A savoir que pour une question de sécurité, tous les employés ne peuvent pas utiliser les machines-outils : leurs différents postes sont adaptés selon leurs aptitudes. Cela représente à ce jour 6 personnes sur l’ensemble de l’équipe. Ils préparent seul leur machine puis cette dernière est systématiquement contrôlée par le moniteur d’atelier avant son utilisation afin de vérifier que tous les éléments de sécurité sont en place et que les paramétrages sont corrects.
En premier lieu, la scie à format permet de découper les planches aux bonnes largeurs.
Ci-contre, on peut noter l’extrême concentration de Johnny qui s’applique dans son travail.
En le regardant travailler, on se rend bien compte que cette activité demande de la réflexion, de l’attention et de la dextérité, ce qui est valorisant pour l’employé.
Pour la seconde étape, direction la corroyeuse, une imposante machine qui permet de mettre les planches à la bonne épaisseur (voir 1ère photo ci-contre).
Le façonnage des poignées ainsi que des feuillures et rainures des différents éléments du corps de ruche sont exécutées eux aussi sur place, à la toupie.
Puis, c’est au tour de la perceuse multibroches de rentrer en action : en un tour de main, elle permet de pré-percer l’ensemble des planches en prévision de l’assemblage à venir.
Enfin, la dernière étape de l’usinage se déroule au niveau de la ponceuse qui permettra une finition lisse au toucher, bien loin de l’aspect brut du bois lors de son arrivée !
Vient alors la phase d’assemblage des différents éléments préparés précédemment.
Ci-contre, on voit par exemple Bastien qui s’occupe avec soin de l’encollage de chaque côté du corps de ruche, après s’être assuré que toutes les pièces s’assemblaient correctement les unes avec les autres.
Par la suite, chaque partie est insérée dans le gabarit qui permet de garantir le respect des côtes du corps Dadant ainsi que son bon équerrage.
Ici le moniteur d’atelier Didier donne un coup de main à Bastien car cette étape est délicate : il faut être rapide pour ne pas que la colle sèche avant la fin de l’opération, et parfois les planches sont si ajustées qu’il faut les rentrer en force.
Le tout est ensuite maintenu en haut par les grands serre-joints que l’on distingue sur la table afin de terminer le montage par la fixation avec des vis.
D’ailleurs à ce propos, il nous a été confié que c’est lors de cette étape que le personnel rencontrait le plus de difficulté et passait le plus de temps : même si le gabarit aide au maintien des planches ensemble, l’utilisation des serre-joints reste fastidieuse. Avis aux bricoleurs et menuisiers : Didier imagine qu’il serait possible d’adapter un système de presse hydraulique pour faciliter cette opération. N’hésitez pas à nous contacter si vous pouvez mettre à disposition ce genre de matériel à l’ESATCO ! (vous trouverez nos coordonnées en bas de page)
En tout cas, c’est ainsi que l’on passe du bois brut de pin à un corps de ruche poncé et monté, entièrement grâce aux travailleurs de cet établissement !
C’est aussi là que l’on se rend compte qu’en plus de développer des aptitudes individuelles, l’atelier de menuiserie du Landas apporte aussi la notion de travail collectif et de coopération à ses employés : en effet, l’application de chacun dans sa tâche est indispensable pour la réussite du produit final.
Diversité de services notamment avec l’UNAPLAGA :
Tout d’abord, comme nous l’avons évoqué plus haut, dans cette menuiserie, on ne fabrique pas seulement du matériel apicole.
Il est possible de prendre rendez-vous avec l’atelier afin de proposé un projet personnel qui aboutira sur l’établissement d’un devis. L’intérêt c’est qu’il est possible de faire quelque chose de complètement personnalisé et comme le montre la photo ci-contre, une grande diversité est au rendez-vous !
Lors de notre visite, on peut citer par exemple la fabrication en parallèle de tourets de chantier pour les câbles électriques, de caisses à pommes ou encore de cadres pour des toiles artistiques.
Par ailleurs, depuis 2017, le groupement d’achat UNAPLAGA, accessible uniquement à nos adhérents, donne la possibilité de récupérer leurs commandes passées dans l’onglet « ESATCO » directement à l’atelier de menuiserie du Landas, à Rezé.
Si les ruches sont pour le moment uniquement disponibles à la vente chez Atlantique Apiculture, on trouve toutefois sur l’UNAPLAGA du matériel fabriqué sur place : des cadres de corps et de hausse, filés par exemple ci-contre avec minutie par Nicolas, ainsi que des partitions.
D’ailleurs, les adhérents s’étant rendus il y a quelques temps aux dernières Assemblées Générales de l’UNAPLA, se souviennent peut-être d’en avoir eu en cadeaux !
En effet, dans l’atelier, un espace a été dédié au stockage d’autres produits, non fabriqués sur place, mais en lien avec l’apiculture !
On y trouve notamment des cartons de 12,5 kg de candy, des sachets de graines biologiques (phacélie, mélilot, sarrasin, moutarde, mélange mellifère), ainsi que des pots en verre et leurs capsules ou encore du sirop HAPPYFLOR Z et des cires gaufrées.
En 2020, cela a représenté par exemple 202 commandes pour un total de 4492 produits !
D’ailleurs, nous profitons de cet article pour vous informer que les horaires de retrait ont été élargis : il est maintenant possible de récupérer vos commandes du Lundi au Jeudi de 8h30 à 11h30 et de 12h30 à 16h30 ainsi que le vendredi jusqu’à 14h45.
Cette activité complémentaire permet aux travailleurs handicapés de varier leurs activités en mobilisant de nouveaux apprentissages : la préparation des commandes demande en effet de l’organisation, un comptage numérique ou par pesage précis et surtout, donne l’occasion aux employés d’avoir un instant d’échange, aussi bref soit-il, avec des personnes extérieures à leur environnement de travail.
Et quand on devine, même sous son masque, le sourire satisfait de René MICHON lors du retrait de sa commande de cadres, on se dit que le pari est réussi !
Au passage, un grand merci à ce dernier, qui s’occupe de la gestion des commandes sur le site de l’UNAPLAGA !
Comme nous avons pu le constater lors de notre visite, l’ESATCO est un lieu véritablement valorisant pour leurs personnels handicapés qui ont des difficultés à s’insérer dans les entreprises conventionnelles et qui pourtant font un travail remarquable quand on leur laisse le temps !
En ces temps où tout à tendance à aller toujours plus vite, l’UNAPLA est fière et satisfaite de collaborer avec l’atelier du Landas et souhaiterait pouvoir diversifier avec eux le matériel proposé à ses adhérents via l’UNAPLAGA.
Affaire à suivre…
D’ici là, prenez soin de vous, de vos proches et bien sûr de vos abeilles et pensez à diffuser un maximum de bienveillance autour de vous !