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Anaïs au Pays des Abeilles – Épisode 5 : Prudence est reine-mère de sureté…

Anaïs au Pays des Abeilles – Épisode 5 : Prudence est reine-mère de sureté…

24/08/2022 | Actualités

Entrée de la ruche d'Anaïs (© Anaïs SOCHAY)

Salut, moi c’est Anaïs. Je vous propose une série d’articles pour partager avec vous mes aventures dans le monde fascinant des abeilles ! Bonne lecture.

Lors du dernier épisode, nous nous étions quitté juste après la division réalisée à partir de la ruche de mon collègue Laurent, sans savoir si elle avait fonctionnée. Nous allons donc suivre cette fois-ci la première phase de contrôle. Mais avant cela, réglons tout d’abord quelques points importants…

Avec cette ruche fraîchement installée dans mon jardin, j’obtenais le statut de nouvelle apicultrice ! Pour être dans les règles, il me fallait donc déclarer mon modeste rucher afin d’obtenir mon numéro NAPI. De nos jours, cette formalité est assez simple et rapide puisqu’elle peut être réalisée en ligne sur le site du ministère de l’agriculture et de l’alimentation avec un récépissé reçu immédiatement par mail (cela est aussi possible par voie postale via un formulaire avec un plus long délai de traitement). Il faut l’effectuer dès l’acquisition de sa première ruche (peu importe la date) puis ensuite renouveler la déclaration tous les ans entre le 1er septembre et le 31 décembre. Cela consiste à indiquer le nombre de colonies que l’on possède (ruche, ruchette, nucléi) et leurs emplacements (communes ou elles sont susceptibles d’être placées au cours de l’année).

A savoir que chaque rucher doit être identifié via ce numéro. Pour connaitre les modalités d’affichage allez voir cette page.

Ensuite, dans le cas où l’on souhaite commercialiser son miel ou même simplement l’offrir hors du cadre familiale, on est tenu de demander un numéro SIRET.

Extrait demande de numéro SIRET (© Anaïs SOCHAY)

Dans mon cas, ayant des amis boulangers prêts à me faire une place dans leur vitrine si besoin et souhaitant en offrir hors de ma famille, j’ai effectué cette démarche.
Il faut pour ce faire compléter le formulaire Cerfa n°11922*09 puis le faire parvenir au au CFE de la Chambre d’agriculture de son département par courrier postal (voir les coordonnées des Chambres pour la région Pays de la Loire). Comme il n’est pas forcément évident de savoir ce qu’il faut cocher, vous trouverez par ici l’exemple de ma demande qui a été acceptée. Personnellement, j’ai contacté le service concerné pour obtenir un peu d’aide sur certains points et l’on m’a aimablement renseigné.

Voilà pour la partie administrative… Place à l’observation et à l’émerveillement à présent !

Alors je ne sais pas vous, mais moi, qu’est-ce que j’en ai passé du temps à contempler la planche d’envol ! En plus d’être plaisant, c’est loin d’être inutile car cela peut nous donner des indices sur ce qui se passe à l’intérieur de la ruche sans en déranger les occupantes.

Premier constat que je fis : le vent posait problème… S’il n’y avait pas de problème pour le décollage, l’atterrissage était quand à lui plus compliqué. En effet, même si j’avais quelques arbustes plantés le long de mon terrain côté ouest et que j’avais pris soin d’orienter l’entrée de la ruche à l’est, les abeilles avaient tout de même du mal à se stabiliser pour viser la planche d’envol.

Il fallait donc trouver une solution rapidement pour les protéger du vent et je me lançai immédiatement dans la création d’une palissade !

J’eus l’idée d’utiliser 2 palettes de récupération : quand je me sers de ce genre de matériaux, je fais en sorte de voir apparaitre le sigle de l’épi de blé ci-contre accompagné du marquage « HT » (haute température). Cela correspond à la norme « NIMP15 » qui témoigne que ce type de palette résistera mieux à l’extérieur sans relâcher de substances nocives puisqu’il a été traité contre la propagation d’insectes et champignons pouvant se loger dans le bois, de manière thermique et non pas chimique.

Marquage palette norme "NIMP15" (© Anaïs SOCHAY)

Pour que cette palissade ait tant qu’à faire plusieurs utilités, je l’ai imaginée comme une jardinière dans laquelle je pourrai planter quelques plantes peu exigeantes.

Pour ce faire, j’ai commencé par agrafer sous l’œil attentif du Chachef de chantier, de la bâche de paillage tissée à l’intérieur de chaque palette. Cela permettra de retenir la terre du côté où il y a des jours entre les planches.

Il suffira alors par la suite de percer la bâche au cutter aux endroits où les plantations seront effectuées.

Puis de l’autre côté, j’ai utilisé des planches de récupération en contreplaqué pour fermer la palissade. Quelques petits trous par-ci par-là à la scie-cloche pour rajouter des espaces de plantation et le tour est joué !

Ensuite il reste l’étape délicate de la mise en place : il faut absolument s’assurer que cette palissade restera fermement à sa place, sans risquer de tomber sur la ruche. Nous avons utilisé des piquets métalliques enfoncés à l’intérieur et aussi enterré la base des palettes en prenant soin de créer de part et d’autre des renforts de terre en pente bien tassés.

Mise en place de la palissade (© Anaïs SOCHAY)

Pour permettre à l’eau de se répartir équitablement entre le haut et le bas en cas d’arrosage, nous avons placé 2 tubes PVC de diamètre 16 à la verticale dans chaque palette. Ceux-ci sont bouchés à la base et régulièrement percés à hauteur des zones de plantations et dépasseront de la surface de la terre.

L’intérieur a enfin été rempli avec un mélange de terre de jardin et un peu de terreau sur la partie supérieure.

Nous y avons installé peu à peu quelques plantes grasses telles que des Delosperma, des Sedum, des Ficoides ou encore des Bulbines, bref, des plantes qui peuvent supporter un manque d’eau car la terre se dessèche vite.

Voilà le résultat quelques temps plus tard, avec en bonus des caches en forme d’alvéoles sur les regards de notre fosse septique… satisfaisant et efficace !

Bien, à présent revenons-en à nos abeilles !

En patientant jusqu’à la première visite de contrôle, nous y allions de nos petites hypothèses avec Lolo : chez moi les abeilles se montraient hésitantes les premiers jours dans leur allers et venues, et ne rapportaient pas de pollen. Pour mon collègue, la reine devait être restée dans sa ruche lors de la division car il ne constatait pas de changement de comportement au niveau de la planche d’envol…

Une semaine après la division, il était temps d’en avoir le cœur net !

Objectif : déterminer avec certitude si la Reine-mère est atterrie chez moi au Nord-Loire ou bien si sa descendante est en cours d’élevage par ses nourrices ?

Je savais que cette opération était délicate car si une nouvelle reine était en préparation, il ne fallait pas abimer sa cellule ni même la secouer…

Observation de la ruche (© Anaïs SOCHAY)
Visite 1 semaine après la division (© Anaïs SOCHAY)

J’ouvrais donc ma ruche le 23 mars, avec toute la prudence et la douceur possible, à la fois anxieuse et curieuse…

Je ne sais pas si c’était dû à l’émotion de l’ouvrir pour la première fois, mais je ne les ai pas vues tout de suite… Et pourtant, elles étaient bien là !

Discrètement positionnées sur le bord du cadre, on distingue 2 cellules royales operculées. Il y en avait au moins 4 en tout dans la ruche.

On les reconnait pourtant aisément de par leur taille allongée et leur ressemblance avec des cacahuètes. Il en existe 3 sortes :

  • Les cellules de supersédure : placées plutôt au centre des cadres, lorsque les ouvrières décident de remplacer la reine en place car en fin de vie ou présentant des problèmes de ponte, c’est une action planifiée.
  • Les cellules d’essaimage : construites généralement sur les bords ou en bas des cadres, avant que la reine n’essaime avec une partie de la colonie.
  • Les cellules de sauveté : mises en place en cas d’urgence, lorsque la ruche se retrouve orpheline (mort prématurée de la reine ou division artificielle), elles peuvent être situées n’importe où, là où les ouvrières trouvent des œufs ou des larves de moins de 3 jours.

De ce fait, il s’agit ici de cellules de sauveté.

Cellules royales de sauveté (© Anaïs SOCHAY)

Si tout se passe bien, la première reine à éclore ira ensuite éliminer ses concurrentes pour devenir la seule mère en place de la colonie.

Le remérage était ainsi en cours chez moi ! J’avais beau savoir que cela se passait de cette manière, je ne pus m’empêcher d’être admirative devant la capacité de la nature à faire face à l’imprévu. Cet essaim rendu artificiellement orphelin s’activait pour ne pas se laisser dépérir et avait enclenché son plan de secours !

La première étape était donc franchie, mais allait-elle aboutir ? C’est ce dont nous parlerons dans la suite de cette épopée.