Anaïs au Pays des Abeilles – Épisode n°4 : Une division culottée !
Salut, moi c’est Anaïs. Je vous propose une série d’articles pour partager avec vous mes aventures dans le monde fascinant des abeilles ! Bonne lecture.
- Patienter jusqu’à ce qu’un essaim sauvage choisisse de s’établir par lui-même dans la ruche. Il existe différentes astuces pour augmenter ses chances, mais cela reste une méthode incertaine et qui demande énormément de patience.
- Acheter un essaim, constitué en général d’une reine fécondée et d’un paquet d’abeilles. On en trouve de 2 types : des essaims de l’année en cours disponibles à partir du mois de Mai et des essaims hivernés, avec une reine de l’année précédente, disponibles plus tôt à partir du mois d’Avril. Les essaims hivernés sont notamment un bon moyen d’obtenir une colonie saine et directement productive. En adhérant à l’UNAPLA, on a d’ailleurs la possibilité de commander des essaims. Mais cela représente tout de même un côut : pour donner un ordre d’idée, lorsque j’étais en seconde année de formation, le prix était de 170 € pour un essaim hiverné sur 5 cadres (dont 3 de couvains) avec reine marquée.
- Diviser une ruche déjà établie pour former au final deux essaims. Cela équivaut en quelque sorte à effectuer de manière intentionnelle et maitrisée le moyen naturel de reproduction de l’abeille qui est l’essaimage. Il faut toutefois avoir accès à une ruche-mère.
Pour commencer, je me préparais un petit Journal de Bord !
Cela me permettrait d’y noter toutes mes observations et manipulations.
De plus, cela me servirait aussi à tracer mes traitements anti-varroa et les éventuels nourrissages que je pourrais être amenée à faire. C’est d’ailleurs obligatoire de conserver ce genre d’informations si l’on souhaite vendre plus tard ses récoltes, ou même seulement les offrir en dehors du cadre domestique privé.
Aujourd’hui, je suis bien contente d’avoir réalisé cet exercice, même si j’avoue que je ne suis pas aussi assidue qu’au début.
Cela m’a permis tout d’abord de canaliser mes émotions dans le sens ou parfois, dans le feu de l’action, un rien peut nous perturber, nous angoisser, nous faire perdre le fil. Prendre le temps d’écrire les faits après une intervention, permet d’y réfléchir plus tard à tête reposée.
Dans la même lignée, on peut aussi à l’avance y rédiger un mode opératoire pour clarifier à l’avance certaines manipulations spécifiques et être ainsi plus serein le moment venu.
Cela me permet aussi de comparer entre elles les différentes années et d’ajuster au fil de mes expériences ma manière de faire ! Et puis personnellement, quand je relis mes premiers comptes-rendus, je trouve cela tout mignon de voir comme j’étais pleine d’interrogations au début. Cela me montre que mine de rien, je prends peu à peu d’avantage d’assurance !
Ensuite, en vue de la division à venir, je préparais le matériel nécessaire à cette opération ainsi qu’au transport :
- l’indispensable lèvre-cadre à toujours avoir sur soi,
- une cage à reine pour isoler cette dernière. Celles à piston (en jaune sur la photo) sont bien pratiques,
- des feutres pour la marquer, type POSCA,
- une ruche avec sa portière afin de pouvoir la fermer,
- 2 sangles pour bien maintenir l’ensemble en « croix ».
Placés de chaque côté, ils permettent de solidariser le plancher au corps de la ruche, ce qui est quand même mieux lorsque l’on doit la déplacer.
- Attendre la présence de faux-bourdon dans les ruches, signe que les futures reines trouveront des mâles lors de leur vol nuptial.
- Intervenir par une belle journée ensoleillée à plus de 17°C, sans vent.
- Prendre le temps de chercher la reine dans la ruche mère : l’isoler à l’aide de la cage pour la remettre chez Lolo après l’intervention. Cela permettra de ne pas trop impacter sa récolte de miel.
- Prendre, avec leurs abeilles, 3 cadres avec du couvain de tout âge et surtout comportant impérativement des œufs (une reine doit être au mieux créée à partir d’œufs, ou bien à partir de larves de moins de 3 jours afin de pouvoir être nourrie exclusivement à la gelée royale).
- Ajouter 2 cadres de miel et pollen, toujours avec leurs abeilles.
- Compléter avec 2 cires à étirer de chaque côté de l’essaim et partitionner (le mieux étant des cires déjà étirées, mais comme je débute je n’en ai pas d’avance).
- Emballer et rentrer à la maison (à plus de 3 km de l’emplacement d’origine) !
Et bien pas du tout !
V’là-t’y pas que je reçois un SMS le 15 mars pour me prévenir que le grand jour serait finalement le lendemain !
Laurent ayant prévu de partir en vacances la deuxième quinzaine du mois, il tenait à ce qu’on s’occupe de la division avant son départ, de peur que sa ruche n’essaime avant son retour.
C’est pourquoi nous avons quelque peu précipité les choses ! Au moins, les faux-bourdons étaient déjà de sortie au Sud-Loire.
Je n’oublierai jamais le petit mot amical prononcé en toute innocence par Laurence, la gérante, lors de mon passage en caisse : « Et bien, c’est pas un temps à faire une division hein ! »
Gloups ! Sans connaitre mon programme, on peut dire qu’elle avait fait mouche !
Elle avait totalement raison : le temps était nuageux et la température ne dépassait pas les 13°C…
De plus, la ruche-mère n’avait pas encore atteint son niveau de développement maximal : nous n’avons prélevé que 2 cadres de couvain en veillant bien à ce qu’il y est des œufs des 2 côtés (dans la ruche de Lolo et dans la mienne) comme nous ne savions pas où serait la Reine.
J’ai ensuite entouré cet essaim de cadres de cires gaufrées et d’une partition de chaque côté.
Je me rappelle tout de même de l’ambiance particulière de ce trajet ! Cette sensation de marcher sur des œufs, de ralentir exagérément à chaque rond-point, de presque s’arrêter sur les dos d’âne, de guetter le moindre bourdonnement suspect… Quel soulagement une fois arrivé !
J’avais tellement hâte d’ouvrir la portière pour libérer mes nouvelles protégées !
Je m’imaginais qu’elles devaient s’impatienter et qu’elles allaient foncer comme des furies hors de la ruche dès que je l’ouvrirais…
Encore une fois, pas du tout !
En effet, comme on peut le voir dans la vidéo ci-contre, une fois la portière retirée, pas le moindre mouvement ! Sur le coup, ça m’a plutôt décontenancée… Surtout que je m’attendais à quelque chose de très visuel, à un décollage en grande pompe !
J’ai même été inquiète un instant… Et si le transport c’était mal passé et que toute cette petite colonie n’avait pas survécu ?!
En approchant mon visage bien protégé de l’entrée de la ruche, je fus vite rassurée : je les entendais, elle étaient là. Il fallait juste encore patienter un petit peu.
Et après 5 minutes qui m’ont parues être une éternité, la récompense ! J’assistais au premier décollage sur la planche d’envol de ma ruche !
Cet instant si bref soit-il, je ne l’oublierai jamais et j’en frissonne encore… Cette petite abeille qui s’envolait avec courage dans ce nouvel environnement symbolisait pour moi une avancée de géant, rendant réel mon rêve au Pays des Merveilles, ou, comme vous l’aurez compris, au Pays des Abeilles !
Tout d’abord, Laurent avait eu la délicatesse de me laisser un seau avec des opercules pleines de miel datant de sa dernière extraction. Je leur en est donc donné une bonne cuillère et les gourmandes ne se sont pas faites prier !
A cela, j’ai rajouté 1 l de sirop pur Saint-Ambroise. Les abeilles ont eu du mal à le digérer, donc à présent je le dilue pour atteindre un mélange 50/50 (= moitié de sucre pour moitié d’eau).
Le Saint-Ambroise étant un sirop composé de 70% de sucre pour 30% d’eau, j’obtiens a peu près la proportion 50/50 pour une quantité finale de 1 l en mélangeant 70 cl de sirop (= 49 cl de sucre pour 21 cl d’eau) à 30 cl d’eau (21+30 = 51 cl d’eau). C’est plus simple à mesurer comme cela.
Notez aussi l’orientation du nourrisseur : on place le sirop dans la partie opposée à l’entrée de la ruche. En effet, on profite ainsi de la légère pente que l’on a appliqué à la ruche lors de son installation (évacuation de la condensation) pour que le sirop se retrouve bien en contact avec les trappes d’accès. D’ailleurs, je place les portières de ces dernières sur le côté possédant la plus petite ouverture : cela permet aux abeilles de lécher le sirop sans passer dans le nourrisseur, évitant ainsi les noyades.
Pour terminer cette journée riche en émotions, j’établissais dans mon journal de bord les prochaines étapes clés de vérification.
En effet, j’avais plusieurs choses à controler dans le mois à venir :
- Est-ce-que c’est moi qui avait l’ancienne reine dans ma ruche ou bien était-elle restée dans celle de Laurent ?
- Si ma ruche était orpheline, est ce que mes abeilles parviendraient à élever une nouvelle reine du premier coup ?
- Si cette nouvelle reine naissait, serait-elle fécondée à temps au vu de la météo capricieuse et de la date précoce de la division ?
Comme on peut le voir sur la photo ci-contre, je listais donc tous les cas de figures possibles en précisant ce qu’il faudrait examiner et surtout quelles seraient les prochaines dates de visite.
Si j’ai bien appris quelque chose ce jour là, c’est que parfois, même si on connait la théorie et qu’on prépare tout en amont, dans les fait, cela se déroule rarement parfaitement comme on l’avait prévu !
Pour connaître le résultat de cette division culottée, il faudra patienter jusqu’au prochain épisode… Affaire à suivre !